Ilan Pappé
Les démons de la Nakbah
Les libertés fondamentales dans l’université israélienne
Traduit de l'anglais par Marc-Ariel Friedemann
Vers la fin des années 1980, Ilan Pappé et Benny Morris introduisent le terme de » nouveaux historiens » dans le discours universitaire israélien. Il ne s’agit pas d’un mouvement ni même d’un groupe, mais de chercheurs isolés qui en viennent à raconter autrement l’histoire de l’État d’Israël, et notamment de ses origines – la guerre de 1948 et la nakbah ou catastrophe, l’expulsion systématique des Palestiniens, jusque là complètement absente du discours académique.
Avec la deuxième Intifada, le vent frais du pluralisme dans la sphère universitaire s’arrête net. Parmi les » nouveaux historiens « , certains – comme Benny Morris – retournent explicitement au consensus antérieur, d’autres abandonnent le sujet. Le livre raconte la saga d’un historien qui tient bon le cap et continue ses recherches et son enseignement, en collaboration avec les chercheurs palestiniens, sur les origines de l’État d’Israël. Il relate les événements survenus à l’université de Haïfa pendant les trois dernières années : entraves de tous ordres, intimidation, menaces d’exclusion que seules les protestations venues du monde entier ont empêché d’aboutir. À travers son histoire personnelle, Ilan Pappé décrit la prise en mains du pouvoir sioniste sur la production du savoir en Israël et sa violence à l’encontre des voix intellectuelles discordantes.
« Par-delà le récit ce cette double affaire, Pappé met en lumière les limites de la démocratie israélienne. Mais l’histoire pouvait-elle s’écrire au moment où Ariel Sharon se proposait de poursuivre dans les territoires palestiniens la guerre de 1948 ? »
Politis, 02/09/2004, Denis Sieffert.
« Ilan Pappé et l’un des plus brillants représentants de ces “nouveaux historiens” israéliens qui ont entrepris de revisiter l’histoire de la création d’Israël. Avec Benny Morris, Tom Seguev, Avi Schlaïm et Simha Flapan, il est l’un de ceux qui ont révélé la réalité de l’expulsion de sept cents à neuf cent mille Arabes palestiniens, entre novembre 1947 et juillet 1949. (…) Ilan Pappé n’a pas tort d’évoquer un climat de maccarthysme qui envahit Israël et menace tous ceux qui refusent la pensée officielle. On affaire témoigne aussi d’une autre réalité douloureuse : en occupant les territoires palestiniens et en opprimant un peuple, Israël ne peut que sacrifier ses principes démocratiques. Ou si l’on veut employer un mot plus fleuri : Israël ne peut que perdre son âme. »
Politis, 23/05/04, Denis Sieffert.
« Dans ce court texte qui résonne comme un appel, Ilan Pappé, le plus engagé des “nouveaux historiens” israéliens, témoigne de sa vive inquiétude concernant l’état de santé de la démocratie de son pays. (…) L’auteur réaffirme sa détermination à comprendre plus profondément encore, et si possible “collectivement”, les origines de la fondation d’Israël – les années 1947 et 1948, hantées de drames “oubliés”. Israël ne pourra envisager plus sereinement l’avenir que s’il se confronte à ses “démons”, ceux de la Nakbah (la “catastrophe” en arabe). C’est la condition d’une reconnaissance de l’Autre. »
Le Monde diplomatique, septembre 2004, Guenaël Visentini.
Ilan Pappé
Ilan Pappé est l'un des plus brillants "nouveaux historiens" israéliens. Il est l’auteur de La guerre de 1948 en Palestine (2000) et Les démons de la Nakbah (2004).