Sadri Khiari
La contre-révolution coloniale en France
De de Gaulle à Sarkozy
Comme le Capital a produit les classes, le patriarcat les genres, le colonialisme a produit les races. Si le mot fait peur, se chuchote à peine, la chose, elle, n’en finit pas d’exister et de tisser les rapports sociaux. C’est elle qui cimente les discriminations à l’embauche, à l’avancement, au logement, dans l’accès aux loisirs ou aux instances médiatiques et politiques, dans les pratiques policières et judiciaires, etc.
«La preuve des races sociales, c’est qu’elles luttent!»
Face à cette offensive massive contre tous ceux qui sont définitivement de l’autre côté de la barrière raciale et que la France s’acharne à combattre en particulier pour ce qu’ils sont censés avoir de particulier, Sadri Khiari nous donne à voir les luttes de résistance de ceux dont on tolère à peine l’existence quand on ne la nie pas complètement: des luttes des OS immigrés
aux grèves des loyers dans les foyers Sonacotra, des luttes des sans-papiers à la solidarité avec la Palestine, des mobilisations contre les crimes racistes et les violences policières jusqu’aux révoltes des quartiers populaires, ils sont nombreux à défier les promesses non tenues de liberté, d’égalité et de fraternité.
Pouvoir blanc vs Puissance indigène
Derrière les défaites, les «récupérations», les protestations sans lendemain, les émeutes vite réprimées ou les divisions, Sadri Khiari nous révèle l’existence d’une véritable puissance politique, longtemps restée inidentifiable, parfois inconsciente d’elle-même mais bien réelle — tant, dans une logique d’opposition à la domination blanche, elle pèse dans les rapports de forces.
Sadri Khiari
Sadri Khiari est docteur en sciences politiques. Il est l’auteur de Tunisie, le délitement de la cité – Coercition, consentement, résistances (2003), de Pour une politique de la racaille (2006) et a dirigé, avec Houria Bouteldja, Nous sommes les indigènes de la République (2012).